Il a le sens du descriptif. Dans « Les pierres qui montent », notes et croquis de l’année 2008 :
« Avenue d’Italie. Grande, chaussures à demi-talons, jupe droite, veste de cuir ajustée à la taille, elle n’a pas froid, elle pousse un landau. Une vraie cadence. Jambes aux muscles longs, fesses très fermes. Je me crois un piéton plutôt rapide, mais elle m’a doublé et mis dix mètres comme de rien. Elle a un déhanchement preste mais qui ne s’attarde pas sur les côtés, léger, projetant vers l’avant – peut-être celui des marcheurs de compétition, mais épuré, sans aucun ridicule dans les épaules. Je la rejoins à un feu rouge. Beau profil. Elle me remet dix mètres. Elle a tourné rue de Tolbiac. »
A propos des incertitudes de la vie française : « Pauvre grand peuple inconscient et aveugle ! il sait ce qu’il ne veut pas, mais il ne sait pas ce qu’il veut. »
« La haute politique n’est que le bon sens appliqué aux grandes choses. »
Le propre des génies est de fournir des idées aux crétins 20 ans plus tard.
L’intelligence
Ils ont tiré des conclusions, ils ont par conséquent cessé d’être intelligents. Un esprit intelligent est celui qui apprend sans cesse, mais qui ne conclut jamais.
L’ambition
L’ambitieux est cruel, égocentrique, orgueilleux, vaniteux… Il suscite un conflit entre ceux qui réussissent et ceux qui restent en arrière. Mais si on agit en y mettant tout son être, pas par calcul ni par intérêt, ou par désir de réussite, l’ambition n’entre pas en jeu, ni en compétition.
Sens perdu
René Boylesve, « Feuilles tombées ». C’est le titre de son journal. En 1900, il est dans l’omnibus, en face d’une fillette de dix ans. Quand elle relève les paupières, « on entrevoit une taie bleuâtre, quelque chose de la couleur des faïences de Danemark ». Elle est aveugle. Ses parents lui glissent des objets qu’elle palpe et rend, balles, bagues, pochettes.
Quand elle n’avait plus rien à toucher, dit Boylesve, « ses mains restaient ouvertes, en l’air, dans une attitude que nous ne connaissons pas, et qui est celle des yeux suspendus dans le vide quand on n’a plus rien à regarder ».
S’agissant de violence, ce qui me laisse songeur, c’est que deux activités réputées favoriser la fraternité entre les humains – le sport et la religion – les poussent en réalité à s’étriper.
Alfred Lipp
C’était impossible. Il vint un imbécile qui ne le savait pas et qui le réussit.
A chacun son royaume
Admettez vos limites et régnez sur ce domaine. Qu’importe le royaume, c’est la royauté qui compte.
Différence
L’homme de qualité exige tout de soi, c’est un souverain. L’homme sans qualité exige tout des autres, c’est un despote.
Le pouvoir
La comédie du pouvoir fabrique des héros qui méritent qu’on s’y attarde. Croquer les perversions et les excès est un vrai régal.
Plaisir
La conquête du superflu donne une excitation spirituelle plus grande que la conquête du nécessaire
La grandeur ne se divise pas.
On ne fait rien de grand sans de grands hommes, et ceux-ci le sont pour l’avoir voulu
L’autorité ne va pas sans prestige, ni le prestige sans éloignement.
Il ne suffit pas d’être un grand homme, il faut l’être au bon moment.
Mais n’est-ce pas le propre de la politique d’avoir à choisir entre des inconvénients ?
Chaque problème résolu en fait naître d’autres, en général plus difficiles
Le rôle de l’État, ce n’est pas de protéger la nation, c’est de la conduire.
« Je trouve toujours choquant et blessant de s’arroger le monopole du cœur.
» Il n’y aurait pas tant de malaise, s’il n’y avait pas autant d’amateurs de malaise. » »
Laissez la tyrannie régner sur un mètre carré, elle gagnera bientôt la surface de la terre
Si la jeunesse n’a pas toujours raison, la société qui la méconnaît et qui la frappe a toujours tort.
Dans les épreuves décisives on ne franchit correctement l’obstacle que de face.
Il n’y a eu aucune écoute téléphonique à la demande de l’Elysée !
La politique n’est pas seulement l’art du possible. Il est des moments où elle devient l’art de rendre possible ce qui est nécessaire.
La montée des extrémismes, c’est toujours la sanction de l’inaction.
Les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent.
L’histoire de l’Europe est autant musulmane que chrétienne !