Le monde d’après en 5 questions

Les pandémies sont-elles prévisibles ?

Du moyen-âge à aujourd’hui, elles ont toujours existé. La grippe, dite espagnole, mais en fait venant de Chine, a fait un million et demi de morts en 1918/19. La pandémie s’est propagée dans plusieurs pays et continents simultanément en moins de 3 mois. Mais selon l’Institut Pasteur, la grippe espagnole aurait tué plus de 30 millions de personnes. La grippe de 1968, ou grippe de Hong Kong, est une pandémie de grippe qui s’est répandue dans le monde entier à partir de l’été 1968 et jusqu’au printemps 1970. Elle a tué environ 1 million de personnes et a été causée par une souche réassortie H3N2 du virus H2N2 de la grippe ABien que probablement apparue en Asie centrale ou dans le centre de la Chine vers le mois de février 1968, la pandémie est reconnue à Hong Kong où elle a touché un demi-million d’habitants, soit 15 % de la population.

Concernant le coronavirus, Covid-19, Alexandre Adler écrit dans son livre paru en 2005  » Le nouveau rapport de la CIA, comment sera le monde en 2025″ : « Corona » est un terme codé qui était utilisé par les épidémiologistes en Amérique pour nommer ce qu’ils considéraient comme la pandémie ultime. De pandémie en pandémie, nous allions avoir une pandémie qui allait véritablement s’étendre à la Terre entière (…) Dans ce rapport, les précisions sur le virus, sur son mode de propagation, sont saisissantes… « apparition d’une nouvelle maladie respiratoire humaine virulente, extrêmement contagieuse », « voyageurs présentant peu ou pas de symptômes » qui « pourraient transporter le virus sur les autres continents, et évoque de nouveaux cas de coronavirus qui apparaitraient par vague, très régulièrement et qui finiraient par tuer des millions de personnes… » (Lire l’interview d’Alexandre Adler dans Public Sénat).

Ainsi, les gouvernements conscients du problème, ont, selon les pays, mis en oeuvre des moyens préventifs qui se sont avérés, en 2020, plus ou moins importants ou efficients.

Quelles ont été les stratégies les plus efficientes?

Politique de confinement, tests, fermeture des frontières, port du masque, hospitalisation d’urgence, soins, traitement, autant de moyens employés avec plus ou moins de vélocité ou de conviction. Les pays les plus performants sont ceux qui ont très vite fermé leurs frontières et  testés massivement pour mettre en quarantaine les malades. A Hong-Kong la surveillance étroite, la quarantaine et les mesures de distanciation (comme le port de masques et la fermeture des écoles) a permis de recenser 4 morts sur une population de 7,5 millions d’habitants.

Quant à l’analyse des chiffres des personnes infectées et décédées, elle s’avère difficile du fait, notamment, de l’attribution d’un décès dû à l’infection virale ou à une pathologie existante aggravée par le virus. Beaucoup d’autres facteurs entrent en ligne de compte pour pouvoir faire une synthèse sérieuse : seuil d’immunité collective, connaissance exacte du nombre de personnes infectées, ventilation par sexe, genre ou ethnie etc. D’après Timothy Russell, mathématicien et épidémiologiste à l’école d’hygiène et de médecine tropicale de Londres, la mortalité du Covid-19 se situe entre 0,5 et 1 % des personnes infectées.

Quelles conclusions en tirer, compte tenu des connaissances acquises depuis huit mois ? A partir des données collectées les chercheurs tentent d’établir un protocole universel qui permettrait d’éviter des stratégies multiples et le repli sur soi. Mais la communauté scientifique n’a pas d’analyse homogène sur la gravité de la pandémie ni sur les moyens de lutte à mettre en oeuvre. L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), de par son statut officiel et mondial, comme son nom l’indique, devrait jouer ce rôle fédérateur, mais elle est critiquée par certains qui jugent son interdépendance avec la Chine ou les grands laboratoires pharmaceutiques – Bigpharma – trop prégnante pour être objective dans ses recommandations. Il faut espérer qu’un consensus se fasse lorsque les scientifiques auront pu établir une immunité de groupe – c’est à dire le fait qu’une proportion suffisante d’individus immunisés  (estimée à environ 60% de la population) empêche la circulation du virus – qui ne s’est pas encore concrétisée.

Comment soigner ou se prémunir d’un coronavirus ?

Un sujet matière à controverses et où on découvre que le domaine de la santé n’est pas plus vertueux qu’ailleurs. Didier Raoult, patron de l’IHU de Marseille et virologue pourtant mondialement réputé, fait l’objet d’attaques virulentes sur sa « potion magique », comme disent ses détracteurs, composée conjointement, et au début de la maladie, d’hydroxychloroquine et d’un antibiotique l’azithromycine. Les résultats sont probants mais on l’accuse de ne pas avoir effectué d’études randomisées dont il dénie l’utilité car il est médecin et s’efforce de guérir au plus vite, compte tenu de la situation d’urgence. Dérangerait-il le laboratoire Gilead qui cherche à imposer son médicament, le Remdesivir, dont l’efficacité n’est pas plus démontrée? On peut le penser quand on sait que la solution Raoult ne coûte quasiment rien (environ 5€) alors que le protocole Remdesivir coûte 2.300$ pour cinq jours de traitement ! Médicament ayant obtenu l’agrément de la FDA (Food and drug administration) aux USA pour les sujets en soin intensif, puis aussi, à présent, accepté par l’Agence Européenne du Médicament.

Pour le Professeur Perronne, cette obstruction gouvernementale française, qui a été jusqu’à interdire la prescription de l’hydroxychloroquine, a fait de la France la championne du monde du désastre et d’ajouter : « On est dans un délire total avec cette administration surpuissante qui décide de tout. » Quant au vaccin, annoncé comme une solution salvatrice rassurante, il explique « qu’il n’est pas possible de fabriquer un vaccin en si peu de temps et que, surtout, l’épidémie est finie et qu’il n’y aura pas de deuxième vague. »

 Pourquoi annonce-t-on une deuxième vague ?

Il semble qu’il s’agisse plutôt de l’épidémie actuelle qui se répand dans des foyers (clusters) où les personnes ne se protègent pas (masque, lavage des mains et gestes barrières). La capacité à tester augmente en France en permettant de déterminer qui est immunisé, mais plusieurs inconnus subsistent, comme la production d’anticorps trop faible chez certains, risquant la rechute, et aussi le fait que toute la population ne pourra pas être dépistée. Pour éviter le reconfinement, l’idéal serait de tester l’ensemble de la population, permettant ainsi à ceux qui sont immunisés de circuler librement.

Ce qui est rassurant est que le nombre d’hospitalisations est en baisse, ce qui laisse supposer que le virus perd de sa vivacité.

Mais « Aujourd’hui, nous ne sommes pas capables de dire avec certitude si la circulation du virus va s’intensifier à nouveau cet été, cet automne ou cet hiver », précise le Dr Sibylle Bernard-Stoecklin, épidémiologiste à Santé Publique France. « Mais nous nous préparons à une seconde vague, qui est tout à fait probable »

Mais pour le Docteur Nicole Delépine, pédiatre oncologue, « une maladie existe lorsqu’elle entraine des malades, des personnes qui présentent des signes cliniques, qui nécessitent des soins, des hospitalisations et qui sont menacées de mort. Or, lorsqu’on consulte les données officielles de Santé Publique  France, on constate depuis trois mois une baisse du nombre des hospitalisations, du nombre d’entrées en réanimation et du nombre de décès, indicateurs clés d’une épidémie évolutive. »

Quelles conséquences économiques et sociétales ?

3 milliards d’humains confinés, l’économie mondiale a été mise en panne. Chômage de masse, décroissance généralisée et plans de sauvetage financier sous forme de subventions ou de prêts bancaires garantis par les banques centrales. Du jamais vu depuis 1945.

Pour l’INSEE : « Le confinement sanitaire lié à l’épidémie de Covid-19 a duré près de deux mois, du 17 mars au 11 mai 2020, et a profondément modifié les conditions de vie. Un tiers des personnes en emploi a subi une restriction d’activité susceptible de réduire le revenu du travail, dont 27 % une période de chômage technique ou partiel. 34 % des personnes en emploi ont télétravaillé tandis que 35 % ont continué à se rendre sur leur lieu de travail. Par ailleurs, 35 % des parents avec un enfant de moins de 14 ans ont eu des difficultés à assurer leur suivi scolaire. 

20 % des personnes disent que la situation financière de leur ménage s’est dégradée. Les conséquences négatives du confinement ont été plus fréquentes pour les personnes aux revenus modestes, qui ont aussi perçu cette période comme plus pénible et pour les femmes. Celles-ci ont, plus que les hommes, réduit leur activité professionnelle et consacré du temps à leurs enfants mais aussi cumulé quotidiennement plus de 4 heures de travail et plus de 4 heures avec leurs enfants. »

Le confinement a aussi eu des conséquences importantes sur les modalités de travail. Si 35 % des personnes en emploi ont continué à se rendre sur leur lieu de travail, 34 % ont télétravaillé.

Tourisme, hôtellerie et évènementiel ont été mis à l’arrêt. Fin juillet à Paris, 39% des hôtels ont réouvert avec un taux d’occupation de 18%, habituellement de plus de 80% en cette saison !

 Emmanuel Macron a annoncé un important plan de relance, le 14 juillet, qui représentera « au moins 100 milliards d’euros », en plus des 460 milliards d’euros de dépenses publiques et de garanties d’Etat engagées depuis quatre mois. « On met (…) en plus de cet argent déjà mis, au moins 100 milliards pour faire la relance industrielle, écologique, locale, culturelle et éducative. Je suis convaincu qu’on peut bâtir un pays différent d’ici dix ans », a annoncé le chef de l’Etat.

Il sera intéressant de voir, fin août, comment ce plan de relance sera articulé.

Et une note d’humour pour finir, de la part de Charlie Hebdo : « Le confinement aura démontré trois choses. Un : notre économie s’effondre dès qu’elle cesse de vendre des trucs inutiles à des gens surendettés. Deux : il est parfaitement possible de réduire fortement la pollution. Trois : les personnes les moins bien payées du pays sont les plus essentielles à son fonctionnement. »

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