Le Traité de Versailles a rebattu les cartes en 1919. L’Allemagne vaincue est punie, sanctionnée, dépecée. Trop d’humiliation attisera la colère et la vengeance. Hitler en fera son fonds de commerce.
Pour se donner les moyens de contrôler les ardeurs nationalistes européennes, les Alliés créèrent la Société des Nations (SDN) et signèrent des traités permettant aux états attaqués de demander une aide militaire de soutien à leurs alliés européens. La SDN non dotée d’une force de police n’aura qu’un impact moral et non décisif.
Richard Coudenhove-Kalergi se pose la question de savoir si, ces dispositions du Traité de Versailles lui paraissant insuffisante, ne devrait-on pas créer les bases d’une Europe unie politiquement, monétairement et commercialement ?

Comme l’Angleterre et la France ont prévu d’englober dans un système d’alliances tous les Etats européens décidés à garantir leur indépendance et la paix, il est temps de réunir les 34 états dans une Fédération européenne.
Partant du principe que le nationalisme encourage les guerres, les états indépendants s’engagent dans une course aux armements qui grèvent leurs budgets et oblige à augmenter les impôts au détriment du bien être général des peuples. Pour Codenhove-Kalergi, « il n’est point même besoin de guerre : les armements, conséquence de la désunion européenne, suffisent à ruiner en peu de temps notre continent. » Ainsi « au sein des Etats Unis d’Europe, les parties contractantes n’auront pas plus de raison de s’armer les unes contre les autres que les états confédérés d’Amérique du Nord. »
Pour Coudenhove-Kalergi, son concept de La Paneurope n’est cependant pas réalisable tant que de larges portions de l’Europe seront entre les mains des dictateurs. Mais le mouvement est lancé, notamment sous l’impulsion d’Aristide Briand qui prend la présidence de ce mouvement en 1929.
Quelles sont, pour lui, les conditions pour réussir cette Fédération ?
- La Paneurope doit s’appuyer sur un esprit, celui de l’église
- Il faut maintenir les traditions nationales : « la richesse de la civilisation européenne réside dans le bariolage de ces traditions nationales »
- L’Europe ne peut pas être bolchévique car le bolchévisme est contre l’idéale classique des Grecs, le droit romain basé sur la propriété et la famille, la foi des Chrétiens et des Juifs, l’attitude chevaleresque ou la science libre
- Or le bolchévisme veut au contraire la destruction des traditions européennes, prône l’athéisme au profit de la religion de la collectivité, de l’idéalisme du matérialisme et du principe égalitaire
- Il faut garantir dans la Fédération pour chaque état l’égalité réciproque, sa sécurité et sa souveraineté
- Prévoir une cour fédérale européenne pour régler tous les conflits entre Etats européens,
- une alliance européenne avec une police aérienne – rappelons que ce projet se situe à la fin des années trente – commune pour maintenir la paix et le désarmement équilatéral,
- une union douanière
- une collaboration économique dans toutes les colonies des états européens
- une monnaie européenne
- le respect des civilisations nationales de tous les peuples d’Europe, fondement de la communauté de culture de l’Europe
- la protection de toutes les minorités nationales et religieuses contre la dénationalisation et l’oppression
- la collaboration de l’Europe avec d’autres groupes d’états dans le cadre d’une Société des Nations universelle
A propos des Britanniques, Coudenhove-Kalergi écrit qu’il a trouvé un échos favorable au projet de La Paneurope, à l’instar de Churchill qui précisa que l’Empire britannique aurait fonction d’allié et non de participant. Car conscient que « la France était, sur la carte politique européenne, la puissance la plus forte du continent et aussi l’allié le plus sûre de l’Angleterre. De cette façon, le Royaume Uni pouvait espérer maintenir sur le continent la paix et l’équilibre, sans pour cela risquer d’être entrainé dans le guêpier européen. »


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