Comment la IIIème République a réagi face à la montée du nazisme ? (suite)

En 1932, l’égalité des droits en matière d’armement entre la France et l’Allemagne permet à l’Allemagne d’avoir une armée équivalente, en termes de puissance d’armement, à celle de la France.

Pour Pierre-Étienne Flandin c’est incontestablement une victoire pour l’Allemagne. Car avant les élections législatives gagnées par la gauche, Léon Blum disait : « Le désarmement est le plus sûr moyen de parer au danger. Je ne crois pas que l’Allemagne souhaite la guerre. Si le danger était imminent, le peuple allemand réagirait contre cette folie. Nous devons faire confiance à la classe ouvrière organisée et au parti socialiste, qui est l’ennemi de la guerre ».

Les positions de droite et de gauche s’opposent ici. La manière forte pour la droite qui veut stopper le réarmement de l’Allemagne qu’elle voit comme un danger à venir. Le pacifisme à gauche qui pense que ce n’est pas parce que l’Allemagne aura une armée qu’elle s’en servira pour autant contre la France.

« Ce qu’il faut voir ici, est qu’à présent il n’est plus question des clauses du Traité de Versailles restreignant en qualité et en quantité ses armements. Maintenant, sous prétexte de l’égalité des droits avec la France, l’Allemagne pourra dorénavant entreprendre un réarmement intensif sans avoir rien à craindre. Puisque si des critiques venaient à lui être formulées, elle les rejetterait sur la France, sur son refus de désarmer. »

Pierre-Étienne Flandin pense « qu’il sera très difficile de contrôler leur production industrielle militaire et que le seul régime qui convienne à ce peuple, à ses instincts et à ses tendances profondes, est un régime de force s’appuyant sur une autocratie militaire. Le peuple allemand a plus le désir de la revanche que celui de la Paix. »

Il souligne là sa conviction, qu’il défendra jusqu’à la guerre de 39-40, qu’il ne faut jamais faire confiance aux allemands dans ce domaine. Pour lui, « ils sont belliqueux, et il ne faut montrer aucune faiblesse, car sinon, le jour venu, ils recommenceront la guerre, pour satisfaire leur volonté d’expansionnisme qui est dans leur nature même ». 

La Société des Nations (SDN), qui est une organisation internationale introduite par le Traité de Versailles en 1919, et qui avait pour but de préserver la paix en Europe à la fin de la Première Guerre mondiale, devait jouer un rôle d’apaisement entre ses membres, notamment entre les Anglais, les Français et les Allemands.

Car les objectifs de la SDN comportaient le désarmement, la prévention des guerres au travers du principe de sécurité collective, la résolution des conflits par la négociation, et l’amélioration globale de la qualité de vie.

Mais la SDN n’avait pas de pouvoir de coercition.

Ainsi à propos du projet de la Société Des Nations Pierre-Étienne Flandin a un avis tranché :

« L’idée était bonne de vouloir réunir dans un organisme international tous les pays de façon à prévenir tout conflit armé entre eux après ce que nous avons vécu avec la guerre de 14-18. Mais pour être efficace il aurait fallu suivre la conception française qui était de donner des pouvoirs à cet organisme afin d’obliger ses membres à lui fournir des moyens coercitifs pour faire respecter ses décisions. Il était prévu un État-major et une armée ne dépendant que de l’exécutif de la Société Des Nations, lui-même autonome et suprême. Ce projet fut écarté au profit de la conception anglo-saxonne qui veut que la Société Des Nations ne doit pas avoir d’autre pouvoir sur ses membres qu’un pouvoir moral. La souveraineté des Etats membres doit demeurer totale dans tous les domaines, et en toutes circonstances.

Le conseil de la Société Des Nations ne reçoit mission que de recommander une assistance militaire contre l’agresseur préalablement désigné par lui ; et chacun demeurait libre de suivre ou non cette recommandation. Encore faut-il que l’agression ait été constatée par un vote unanime. Donc il suffit qu’un agresseur ne reconnaisse pas sa faute pour ne pas voter contre les sanctions et en élude ainsi la sanction. »

La substance de la Société Des Nations ne repose que sur des hypothèses : hypothèse que, dorénavant, la nature humaine sera le contraire de ce qu’elle avait toujours été ; l’hypothèse que les peuples et leurs gouvernements sont consentants et préparés à supporter de petits ennuis, de grands sacrifices et d’apocalyptiques terreurs dans l’intérêt de la justice et de la paix, au profit d’autres peuples ; l’hypothèse que la promesse solennelle de se conduire selon les règles d’une éthique supérieure soit respectée par simple accord moral et sans recours à la contrainte…

La question est louable de vouloir changer les mentalités. Mais en vérité, si un certain pacifisme utopique a paralysé dès sa naissance, la Société Des Nations, il reste l’apanage commun à presque tous les peuples, exception faite du peuple allemand, qui pense d’abord à sa revanche, et du peuple japonais qui poursuivait son dessein d’hégémonie en Extrême-Orient.

C’est pourquoi Winston Churchill dit que le désarmement viendra de lui-même, sous la poussée de nécessités économiques et d’exigences budgétaires. Et le parti socialiste, en France, préconise le financement des réformes sociales par la diminution des crédits militaires : la paix par le désarmement. »

Mais Pierre-Étienne Flandin ne pense pas « qu’il faille y adhérer pour l’instant, du moins tant que nous n’aurons pas l’assurance que l’Allemagne ne voudra pas faire la guerre ».

Il est convenable de penser que le peuple allemand ne voudrait pas plus faire la guerre que le peuple français. Ils ont autant souffert que nous de la dernière guerre. Plus personne ne veut ça à nouveau !

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