La création de l’État d’Israël : un processus complexe et conflictuel

La création de l’État d’Israël en 1948 est le résultat d’un processus historique marqué par des tensions politiques, des aspirations nationales et des confrontations armées. Cet événement découle en grande partie de la résolution 181 de l’Assemblée générale des Nations Unies, adoptée le 29 novembre 1947. Cette résolution, qui prévoyait un plan de partage de la Palestine entre un État juif et un État arabe, a ouvert la voie à la proclamation de l’indépendance d’Israël le 14 mai 1948.

1. Contexte historique : la Palestine sous mandat britannique

La Palestine est une région du Proche-Orient qui se situe sur la côte est de la Méditerranée. Avant le 20e siècle, elle faisait partie de l’Empire ottoman, mais après la Première Guerre mondiale, cette région a été placée sous mandat britannique en vertu d’une décision de la Société des Nations (SDN) en 1920. Le mandat britannique avait pour but d’administrer le territoire et de préparer sa transition vers l’indépendance. Cependant, la région était déjà le théâtre de tensions entre la population arabe palestinienne majoritaire et la communauté juive, dont la présence s’est intensifiée avec l’immigration juive encouragée par le mouvement sioniste.

Le mouvement sioniste, apparu à la fin du 19e siècle, visait à créer un foyer national juif en Palestine, en réponse aux persécutions subies par les juifs en Europe. La déclaration Balfour de 1917, par laquelle le gouvernement britannique soutenait cette idée, avait renforcé l’immigration juive vers la région, ce qui a entraîné des tensions croissantes avec la population arabe, inquiète de perdre son influence et ses terres.

2. La résolution 181 et le plan de partage de la Palestine

Face aux tensions qui se sont intensifiées durant les années 1930 et 1940, les Britanniques, épuisés par la gestion de ce mandat, décidèrent de remettre le dossier de la Palestine aux Nations Unies en 1947. L’Assemblée générale de l’ONU mit alors en place un comité spécial, l’UNSCOP (United Nations Special Committee on Palestine), pour proposer une solution.

Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale des Nations Unies adopta la résolution 181, qui proposait un plan de partage de la Palestine en deux États indépendants, un État juif et un État arabe, avec Jérusalem placée sous administration internationale spéciale en raison de son importance religieuse pour les trois religions monothéistes. Cette résolution fut adoptée avec 33 voix pour (dont celle de la France), 13 contre et 10 abstentions. Parmi les voix contre, on retrouvait la majorité des pays arabes, qui voyaient dans ce plan une trahison de leurs droits et de ceux des Palestiniens.

Le plan de partage attribuait environ 56 % du territoire à l’État juif et 43 % à l’État arabe. Cette répartition provoqua une vive opposition du côté arabe, car les juifs représentaient alors environ un tiers de la population mais recevaient une part plus importante du territoire. Les Palestiniens et les États arabes environnants rejetèrent le plan, estimant qu’il ne respectait pas les droits de la majorité arabe de la population.

3. Les affrontements qui suivent le vote

Dès le lendemain du vote de la résolution 181, les tensions éclatèrent en violences. Les forces paramilitaires juives, telles que la Haganah (la principale force armée juive en Palestine), se retrouvèrent face aux groupes armés arabes palestiniens et aux volontaires de l’Armée de libération arabe (ALA). L’ALA était une force paramilitaire composée de volontaires provenant de plusieurs pays arabes, notamment de la Syrie, de l’Irak, de l’Égypte et de la Jordanie, et organisée sous l’égide de la Ligue arabe pour soutenir la cause palestinienne. Leur objectif était d’empêcher la création d’un État juif et de défendre les intérêts de la population arabe de Palestine.

Ces affrontements, qui prirent rapidement la forme d’une guerre civile, opposèrent d’une part les forces juives bien organisées, disposant d’une structure militaire solide, et d’autre part, les milices arabes locales, moins bien équipées et fragmentées, mais appuyées par les volontaires de l’ALA. Ces combats engendrèrent des violences et des massacres des deux côtés, et conduisirent à une situation de chaos dans la région.

4. La proclamation de l’État d’Israël et la première guerre israélo-arabe

Le 14 mai 1948, les dirigeants juifs, sous l’autorité de David Ben Gourion, proclamèrent la naissance de l’État d’Israël, quelques heures avant la fin officielle du mandat britannique. Cette proclamation fut immédiatement suivie d’une invasion par les armées de cinq pays arabes voisins : l’Égypte, la Syrie, la Jordanie, le Liban et l’Irak, déclenchant la première guerre israélo-arabe.

Israël, bien qu’initialement en position de faiblesse, réussit à repousser les armées arabes grâce à une organisation militaire efficace, une mobilisation intense de la population juive et une aide matérielle extérieure. À l’issue de cette guerre, Israël élargit même son territoire au-delà de ce que le plan de partage de l’ONU avait prévu. Pour les Palestiniens, cette défaite mena à ce que l’on appelle la Nakba (la « catastrophe » en arabe), marquée par l’exode de centaines de milliers d’Arabes palestiniens qui furent expulsés ou fuirent les zones de combat et les territoires contrôlés par Israël.

5. Les conséquences du plan de partage et de la création d’Israël

La création de l’État d’Israël et le rejet du plan de partage par les pays arabes ont laissé des traces profondes dans la région. L’échec du plan de partition et le refus de la Ligue arabe d’accepter l’État juif ont déclenché une série de conflits et de tensions qui perdurent encore aujourd’hui.

La situation des réfugiés palestiniens, qui vivent depuis des générations dans des camps en Jordanie, en Syrie, au Liban et dans les territoires palestiniens, reste une question centrale dans le conflit israélo-palestinien. De plus, Jérusalem, qui devait être une zone internationale selon le plan de partage, est devenue un point de tension majeur entre Israël et les Palestiniens, qui la revendiquent comme capitale.

Conclusion

La résolution 181 de l’ONU, qui visait à établir la paix en partageant la Palestine en deux États, n’a pas atteint son objectif initial et a ouvert la voie à des décennies de conflits. La création de l’État d’Israël a permis au peuple juif de réaliser son rêve d’un foyer national, mais elle a également engendré un conflit durable avec les populations arabes de la région, en particulier les Palestiniens. Aujourd’hui encore, le plan de partage de 1947 est considéré comme l’un des moments fondateurs du conflit israélo-palestinien, un conflit où les questions d’identité, de territoire et de justice continuent de diviser.

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