Le Pacte franco-soviétique de mai 1935, signé par le président du Conseil Pierre-Étienne Flandin et le ministre des Affaires étrangères, Pierre Laval, était un traité bilatéral entre la France et l’Union soviétique. Il visait à renforcer les relations militaires et diplomatiques entre les deux pays dans le contexte de l’agression croissante de l’Allemagne nazie, qui était perçue comme une menace pour la stabilité en Europe.
Contexte et objectifs du pacte :
- Contexte international : Le pacte a été signé au moment où les tensions en Europe, à cause de l’Allemagne sous Adolf Hitler, étaient croissantes. En 1935, Hitler avait violé les accords du Traité de Versailles en réintroduisant le service militaire obligatoire et en réarmant l’Allemagne, ce qui inquiétait les pays voisins, dont la France.
- Objectifs principaux :
- Renforcer la sécurité collective : Le pacte visait à créer un front commun pour contrer la montée en puissance de l’Allemagne. La France, après la Première Guerre mondiale, cherchait à isoler l’Allemagne tout en ayant un allié solide contre la menace grandissante de l’axe.
- Assurer la solidarité : Il était prévu que si l’un des deux pays (la France ou l’Union soviétique) était attaqué par une puissance européenne (notamment l’Allemagne), l’autre pays devrait intervenir pour défendre son allié.
- Protéger les intérêts mutuels : Le pacte n’était pas seulement une entente militaire mais aussi une tentative de solidifier les liens économiques et diplomatiques, avec des échanges et un soutien en cas de besoin.
Ratification et impact :
- Ratification en 1936 : Bien que le pacte ait été signé en mai 1935, il a été ratifié par le gouvernement français en mars 1936. Cela a marqué un moment clé dans les relations internationales de la France, car la France était réticente à établir des liens trop étroits avec l’Union soviétique, en raison de son régime communiste et de son passé révolutionnaire.
- Signification politique : Ce pacte était un signe de la volonté de la France de maintenir la paix en Europe tout en se préparant à une guerre potentielle. Cela représentait un équilibre entre les alliances avec des démocraties occidentales comme la Grande-Bretagne et des régimes autoritaires comme l’URSS.
Conséquences :
Le pacte n’a cependant pas eu les effets escomptés sur le long terme. La France n’a pas pu mobiliser cette alliance face à la montée des tensions. De plus, la politique d’apaisement menée par la France et la Grande-Bretagne envers l’Allemagne a réduit l’efficacité du pacte.
Le Pacte franco-soviétique reste un élément de la politique étrangère de la France avant la Seconde Guerre mondiale, et témoigne de l’ambivalence de la diplomatie française à cette époque, tiraillée entre ses alliances traditionnelles et la nécessité de contrer une Allemagne menaçante.
Pierre-Étienne Flandin estimait que l’entente franco-russe était primordiale, même si le rapprochement avec l’URSS heurtait de nombreuses sensibilités. Selon lui, il ne fallait pas se laisser influencer par les dogmes. Si la sécurité de la France passait par un accord avec les Soviétiques, il ne fallait pas s’en priver sous prétexte que ce rapprochement prenait figure d’une concession au communisme français. Il l’exprima ainsi :
» C’est peut-être aussi la raison pour laquelle monsieur Blum et ses successeurs du Front populaire tirèrent un si médiocre parti du Pacte franco-soviétique. Au point de vue diplomatique, ceux qui, en France, poursuivaient la chimère d’une entente franco-allemande, critiquaient vivement ce qu’ils appelaient un renouveau de la politique d’encerclement de l’Allemagne. Mais il s’agissait en réalité d’une politique de l’encerclement de l’esprit d’agression et des entreprises de violence dans les relations internationales. Le pacte franco-soviétique n’était pas incompatible avec la révision du traité de Versailles. En 1935-1936, avant le grand réarmement allemand, avant la destruction des accords franco-anglo-italiens de Stresa, avant l’effondrement définitif de la SDN, une dernière chance subsistait d’une révision du traité de Versailles par la négociation pacifique. Le pacte franco-soviétique n’était qu’une tentative d’augmenter la puissance du bloc des nations pacifiques en face d’une volonté renaissante de domination par la force. Il marque, malheureusement, la dernière étape d’un effort de construction de la paix européenne. Tous les édifices où s’abritaient les rêves et les garanties de la paix, momentanément rétablie en 1919, vont à partir de 1935, s’écrouler les uns après les autres, jusqu’au pacte franco-soviétique lui-même, déchiré le 23 août 1939 et remplacé par l’alliance germano-russe d’où sortit la Deuxième Guerre mondiale. »
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