Qui est George Soros ?

George Soros : philanthrope visionnaire ou stratège de l’ombre ?

George Soros est l’un des noms les plus controversés de la scène mondiale. Adulé par certains comme un bienfaiteur qui promeut la démocratie et la société ouverte, vilipendé par d’autres comme un spéculateur cynique et un manipulateur politique, il cristallise toutes les passions. Sa vie, marquée par les bouleversements du XXᵉ siècle, nourrit autant le mythe que la critique.

Des origines marquées par la guerre

Né en 1930 à Budapest dans une famille juive, Soros survit à l’occupation nazie grâce aux faux papiers fournis par son père. Après la guerre et la prise de pouvoir communiste, il émigre en 1947 à Londres. À la London School of Economics, il rencontre le philosophe Karl Popper, auteur de The Open Society and Its Enemies, qui marquera profondément sa pensée. Ce concept de « société ouverte » devient le fil rouge de son engagement futur.

De la finance à la spéculation

Installé à New York en 1956, Soros se lance dans la finance. En 1969, il fonde le Quantum Fund, qui deviendra l’un des fonds spéculatifs les plus célèbres. Sa réputation explose en 1992, lors du fameux « mercredi noir » : en misant massivement contre la livre sterling, il engrange plus d’un milliard de dollars en une journée, forçant le Royaume-Uni à sortir du mécanisme de taux de change européen.
Cet épisode lui vaut à la fois admiration pour son audace et haine pour avoir déstabilisé une économie nationale.

La philanthropie comme levier d’influence

En 1979, Soros fonde l’Open Society Foundations (OSF), un vaste réseau finançant des universités, ONG et mouvements en faveur des droits humains, de la démocratie et des minorités. Il investira au total plus de 18 milliards de dollars dans cette structure, soutenant :

  • les étudiants d’Europe de l’Est après la chute du communisme,
  • les campagnes pour l’égalité raciale et les droits LGBTQ+,
  • des organisations comme Black Lives Matter aux États-Unis,
  • des réformes sociétales (dépénalisation du cannabis, défense des minorités religieuses).

Mais cette générosité est aussi accusée d’être un outil politique. Ses adversaires, en Hongrie et en Europe centrale, l’accusent de favoriser l’immigration massive et de déstabiliser les nations traditionnelles.

Les paradoxes Soros

Le personnage fascine autant qu’il divise parce qu’il incarne de nombreux paradoxes :

  • Robin des Bois ou spéculateur ? Il justifie ses gains financiers comme moyens de financer ses idéaux, mais ses coups spéculatifs (Angleterre, Asie) ont appauvri des millions de personnes.
  • Partisan des libertés… mais sélectives ? Ses soutiens aux mouvements progressistes sont vus comme une défense de la liberté, mais ses opposants estiment qu’il tente d’imposer une vision unique et libérale du monde.
  • Critique des inégalités… mais évitement fiscal. En 2017, il transfère 18 milliards de dollars à ses fondations, geste philanthrope mais aussi optimisation fiscale pour échapper à des taxes massives.

Un acteur politique sans mandat

Sans jamais avoir exercé de mandat, Soros impose sa marque sur la politique mondiale :

  • Aux États-Unis : il est l’un des plus grands donateurs du Parti démocrate (Clinton, Obama, Biden) et a financé l’élection de procureurs progressistes.
  • En Europe : il est accusé par Viktor Orbán d’encourager l’immigration et de miner la souveraineté nationale.
  • Dans le monde : ses financements ont soutenu des transitions démocratiques mais aussi suscité des accusations d’ingérence.

Trump s’attaque à George Soros

Donald Trump vient de lancer une offensive judiciaire et politique inédite contre George Soros. Le motif avancé est grave : soutien à des groupes liés à des actes de violence politique et au terrorisme intérieur. Mais derrière cette enquête se dessine un affrontement plus large : celui de deux visions du monde, deux stratégies d’influence, deux Amériques — et par ricochet, deux projets de civilisation.

Pour la première fois, une administration américaine envoie un mémorandum officiel du Département de la Justice à plusieurs procureurs fédéraux afin d’ouvrir une enquête ciblée contre l’Open Society Foundation (OSF). En s’appuyant sur la loi RICO — utilisée autrefois pour démanteler la mafia — l’équipe Trump entend démontrer que les financements massifs de Soros ont alimenté une organisation structurée de subversion politique violente. Antifa, Black Lives Matter, campagnes de doxing*, attaques contre des bâtiments fédéraux, tentatives de censure numérique, soutien indirect à l’assassinat d’opposants conservateurs comme Charlie Kirk… 

L’enquête sur Soros dépasse un simple cas judiciaire. Elle s’inscrit dans une guerre culturelle et géopolitique profonde. Trump et ses alliés conservateurs y voient une opportunité stratégique :

  • Délégitimer le financement opaque de la gauche radicale, perçue comme un ferment de chaos social ;

  • Démontrer que les violences politiques ne sont pas spontanées mais orchestrées, en vue de déstabiliser l’ordre institutionnel ;

  • Réaffirmer la légitimité d’un État souverain face aux puissances privées mondialisées.

Si l’affaire aboutit, Soros et les cadres de l’OSF pourraient faire face à des peines allant jusqu’à plusieurs siècles de prison cumulés, ainsi qu’à la confiscation totale de leurs actifs. C’est l’un des volets les plus radicaux de la stratégie Trump : traiter les architectes du progressisme mondial comme des barons de la pègre.

Bien sûr, l’Open Society dispose d’une fortune de plus de 25 milliards de dollars, de juristes d’élite et de relais dans toutes les institutions. L’enlisement juridique est probable. Mais même sans condamnation, l’effet politique sera puissant : Trump pourra se poser en justicier face à l’« État profond progressiste », consolidant sa base.

Héritage et succession

Aujourd’hui âgé de 95 ans, Soros prépare sa succession. Son fils Alexander, très actif politiquement, devrait prolonger son influence. L’idéologie de la « société ouverte », héritée de Popper, demeure l’horizon de ce projet familial.

Conclusion : un messie ou un manipulateur ?

George Soros incarne l’ambiguïté de notre époque mondialisée :

  • philanthrope qui finance l’éducation, la recherche et les droits civiques,
  • stratège qui manipule marchés et opinions pour imposer ses vues.

Pour les uns, il est un visionnaire qui investit sa fortune au service d’une humanité plus libre. Pour les autres, il est le symbole d’un pouvoir occulte, sans légitimité démocratique, qui agit contre les peuples au nom d’une idéologie libérale-globaliste.

Quoi qu’on pense de lui, Soros est sans doute l’exemple le plus frappant d’un homme qui, sans mandat politique, a façonné des pans entiers du débat public mondial.

*cyberattaque afin de dévoiler la véritable identité d’un inernaute et menacer sa vie privée

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Couverture du livre Perspectives

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