Ce dimanche 20 septembre 2025, la promotion de l’Ecole de Santé des Armées de Lyon Bron fut baptisée « Valérie André ».
Valérie André, pionnière du ciel et de la médecine : une vie au service des autres
Parachutiste, chirurgienne de guerre, pilote d’hélicoptère, première femme générale de l’armée française, Valérie André incarne l’héroïsme, l’engagement et la liberté. Son destin, hors du commun, traverse les grands conflits du XXe siècle et les bouleversements du monde, toujours guidé par une passion viscérale : sauver des vies.
Un rêve d’enfant, né dans le ciel d’Alsace
Valérie André voit le jour en 1922 à Strasbourg, dans une famille nombreuse. Très jeune, une vision nocturne – « un rêve insensé » – l’éblouit : elle vole parmi les étoiles, happée par le silence du cosmos. Cette intuition d’enfance se transforme vite en vocation. Fascinée par les avions, elle déclare, dès 10 ans, à ses parents incrédules : « Je serai aviatrice ». Ils pensent que ça lui passera. Cela ne passera jamais.
La guerre et le choix de la liberté
En 1939, la Seconde Guerre mondiale bouleverse son Alsace natale. Tandis que ses parents choisissent de rester, Valérie s’exile pour continuer ses études. Elle décroche son baccalauréat, puis entame une formation de médecine à Clermont-Ferrand, là où l’université de Strasbourg s’est repliée. En parallèle, elle découvre le vol à voile sur un planeur rudimentaire : son premier contact concret avec le ciel.
Médecin et parachutiste en Indochine
Docteur en médecine en 1948, Valérie André entend l’appel de l’aventure et du devoir. Son mentor, Léon Binet, lui propose de s’engager comme médecin militaire en Indochine. Elle accepte sans hésiter. Parallèlement, elle devient parachutiste : « une poignée de jeunes » se jettent de l’avion avec elle, dans un enthousiasme presque romanesque.
Sur le terrain, elle découvre l’horreur des conflits, l’absurdité des transports précaires, l’urgence vitale de secourir. C’est là qu’elle aperçoit un hélicoptère pour la première fois. Pour elle, c’est une révélation. Elle comprend immédiatement le potentiel de cette machine volante pour l’évacuation sanitaire.
Pilote d’hélicoptère pour sauver des vies
Avec persévérance, elle obtient son brevet civil, puis militaire. Dès lors, elle alterne les missions périlleuses, le pilotage en double commande, puis seule. Elle transporte, opère, rapatrie des blessés sous le feu ennemi. Les soldats l’attendent, la guettent, l’espèrent : elle est leur ange gardien du ciel. Une balle dans l’abdomen, une hémorragie… chaque seconde compte. Grâce à elle, des dizaines, puis des centaines d’hommes seront sauvés.
Algérie, et toujours plus haut
En 1959, nouvelle mission : l’Algérie. Valérie pilote les Alouette II et Sikorsky H34, des machines puissantes, précises, qu’elle manie « du bout des doigts ». À bord, deux pilotes, un mécanicien, plusieurs blessés. Elle enchaîne les missions avec la même ardeur : « Quand on aime quelque chose, en principe, on s’accroche et on le fait bien ».
Première femme générale de l’armée française
Le 21 avril 1976, le jour de ses 54 ans, Valérie André devient la première femme à être nommée général dans l’histoire des armées françaises. Elle brise le plafond de verre avec calme et lucidité. L’émancipation des femmes, dit-elle, « a été quelque chose de très progressif et difficile ». Mais elle, elle est allée jusqu’au bout.
Une reconnaissance tardive, mais éclatante
En 2010, un oubli est réparé. L’armée de l’air réalise qu’elle ne lui a jamais décerné officiellement son brevet militaire de pilote d’hélicoptère. On lui remet alors le brevet n°001, en or massif. Un symbole éblouissant de reconnaissance pour celle qui a ouvert tant de portes et sauvé tant de vies.
Un legs de courage et d’humanité
Valérie André se définit simplement : une femme heureuse, passionnée, fidèle à ses idéaux. Elle n’oublie ni les sacrifices, ni les douleurs, ni les camarades perdus. Pour elle, « la plus belle qualité, c’est le courage ». Quant à son propre départ, elle l’envisage sans peur : « Un beau matin, ne pas me réveiller, et être là-haut, parmi les étoiles ».
Conclusion : L’étoile qui guide
Valérie André n’a pas seulement été une pionnière de l’aviation militaire ou une figure de la médecine de guerre. Elle est l’incarnation d’un idéal français : la bravoure silencieuse, la ténacité discrète, l’action tournée vers l’autre. Dans les cieux de l’Indochine ou au-dessus des montagnes d’Algérie, elle n’a jamais cherché la gloire. Et pourtant, c’est elle que les soldats espéraient voir apparaître, dans le bruit des pales et la promesse de la vie.
Aujourd’hui, elle continue d’inspirer. Femme d’exception, elle aura su conjuguer passion, abnégation et excellence avec une rare intensité. Madame le Général ne s’est jamais posée : elle vole encore dans nos mémoires, comme dans son rêve d’enfant.